Stéphane
Lambion —

fait des choses avec du texte et des images : il écrit, traduit, dessine, assemble ; sa pratique actuelle se tourne de plus en plus vers l’image sous toutes ses formes ; si l’écriture reste le centre, il y entremêle désormais une pratique visuelle jusqu’ici indépendante, à l’instar de travaux d’artistes comme Sophie Calle, Anne Carson et Moyra Davey.

tbilisi

Tbilissi

08.23

Alban

tu te souviens de ce café apparu comme par magie alors qu’on ne le cherchait même plus

lyon, 05.08.2023

Edward

do you remember how big & tasty were those mushrooms you brought all the way from malmö

copenhagen, 16.08.2023

Maria

kan du huske, hvor gennemblødte vi blev, når vi løb mellem klubben og busstoppestedet

københavn, 17.08.2023

Poppy

do you remember how good it felt to escape the crowd and climb on that big sunny rock

kynance cove, 23.08.2023

lost momentum

Lost Momentum

Lost Momentum
Lost Momentum
Lost Momentum
Lost Momentum
Lost Momentum
Lost Momentum

(paris,
pont-neuf,
08.23)

et comme toujours on cherche les signes, les cycles, les choses qui se connectent et qui font (un) sens, les réseaux de pensées, de lumières, de paroles, de mouvements,

on veut trouver les jointures, les liants d’un livre déjà écrit, rempli de photos déjà prises,

on sait que derrière les hasards il y a de la rationalité et derrière la rationalité il n’y a que du hasard alors on continue à creuser, on revient sur nos pas,

on reprend la discussion là où on l’avait laissée, on regarde passer une lune puis deux, on veut tout retenir, comment tout photographier sans jamais avoir l’oeil dans le viseur, tout noter sans jamais tenir de stylo,

on se console en pensant que ce qui sera oublié devait l’être, on marche moins vite que le premier jour et on se connaît mieux,

on comprend des entrelacs, on attend d’en dénouer d’autres.

days

Days

11.22

PAF PAF
PAF PAF

true stories

True Stories
True Stories
True Stories
True Stories

(1) venise : je vois quelqu’un pour la première fois / de tous les bars de la ville, elle m’emmène dans celui où mes ami·es sont ce soir-là / on prend un verre sur un pont / un bateau amarre en trombe, deux gars bourrés en sortent, courent vers nous, prennent nos verres et les jettent sur le bateau où un troisième gars se trouvait encore / son regard croise le mien / il monte sur le pont et veut m’en mettre une / mes ami·es essayent de le calmer / cut / j’ai le nez en sang, on m’emmène à l’hôpital qui se trouve être à vingt mètres / cut / l’amie qui m’héberge et moi rentrons / à peine arrivé je reçois un message d’un ancien amour, muet depuis des mois : « je pense à toi, j’espère que tu vas bien ce soir » / cut / le téléphone de mon amie vibre : un amant oublié lui dit : « ce soir je pense à toi » / cut / on ouvre la fenêtre, c’est la pleine lune

(2) noël : j’ai demandé qu’on ne m’offre rien / mon frère lit mon nom sur un cadeau / ma mère sourit en coin / je l’ouvre / je ne comprends pas / cut / je me souviens que j’avais écrit dans un texte : « je regrette de n’avoir jamais possédé de tamagotchi » / ma mère rit et moi avec / c’est le meilleur cadeau qu’on m’ait jamais fait / cut / le tamagotchi est mort le lendemain, j’avais oublié de le nourrir / ma mère s’en occupe désormais depuis deux mois

(3) « sur cette photo il porte mon pull,
un gros pull blanc que j’ai
échangé à sarah contre un
pull vert que j’ai donné à
giacomo contre son pull bleu
que j’ai laissé chez camille
quand le col a craqué
et j’en ai trouvé un autre,
noir, chez une brocanteuse
qui, si elle avait su,
aurait apporté de quoi recoudre
le pull bleu qui était chez camille
et que giacomo aurait récupéré
en échange du pull vert que j’aurais
rendu à sarah contre mon pull
blanc, celui que dario porte sur
cette photo d’avant la balle,
la dernière que j’aie de lui »

ça fait un an que dario n’est plus avec nous, je ne sais plus qui a le pull blanc, le pull vert, le pull bleu / aujourd’hui j’ai décidé de me défaire de celui noir, j’ai demandé à une amie de m’accompagner aux bacs à vêtements

(…) la prochaine pleine lune aura lieu le 7 mars

typos

Typo
Typo
Typo
Typo
Typo
Typo

presque siècle

presque siècle (recto)

presque siècle, La Crypte, 2022.

sélection du prix Apollinaire Découverte 2023.

notes de lecture dans Poesibao, Pro/p(r)ose, Fragile et par Clément Mouille.

presque siècle (verso)

textes en revue


Point de chute est une revue que Joep Polderman et moi faisons paraître deux fois par an. Elle comporte cinq à six textes de jeunes poètes francophones ainsi que deux à trois traductions.

Point de chute n°0 Point de chute n°1 Point de chute n°2 Point de chute n°3 Point de chute n°4 Point de chute n°5 Point de chute n°6

natalie whittaker

Natalie Whittaker

Arbre (Verve Poetry, 2021) et Chiens d’ombre (ignitionpress, 2018), traduits de l’anglais (Royaume-Uni) chez L’Ours Blanc (2023).

radu vancu

Radu Vancu

04:00 Canti domestiques (Max Blecher, 2015), traduit du roumain aux éditions des Vanneaux (2019) – la maison d’édition étant inactive, contactez-moi pour obtenir un exemplaire.

extraits dans Recours au poème ; notes de lecture de Pierre Vinclair et de Cristina Hermeziu.

constant tonegaru

Constant Tonegaru

Plantations (1945), traduit du roumain aux éditions Abordo (2022).

extraits dans Recours au poème.

traductions en revue


Canal est un poster typographique qui a paru une fois tous les deux mois pendant un an avec un poème anglais traduit en français et un poème français traduit en anglais.

Canal n°1 Canal n°2 Canal n°3 Canal n°4 Canal n°5 Canal n°6 Canal n°7

écrire la maladie

...

depuis 2021, je mène une thèse de recherche-création à l’université d’Aix-Marseille sous la direction de Vincent Broqua et Régis Lefort avec l’accompagnement artistique d’Anne Malaprade ; dans le cadre de ce travail, j’ai écrit des textes (dont En cœur), réalisé des pièces audiovisuelles (dont la vidéo Cléo de 7 à 9) et je tiens un journal de recherche-création, De nos corps dévorés, pour la revue remue.net.


?

donnez-moi trois oranges
et je jonglerai pour vous

j’ai pour les biographies
de l’amour et de la haine

il y a ici des choses vraies
qui ne le seront peut-être plus

j’aimerais que la fondation
Michalski accepte ma candidature

mon coeur est français mais
mon cul est international

j’ai habité à Marseille
pendant un an

je voue une haine profonde
aux contrôleur·ses de la RATP

j’ai fait une dissertation
entière en ne citant qu’Hegel

ma chanson la plus écoutée en 2021
était White Flag de Dido (…)

chaque jour je dessine,
un jour je vous montrerai

je suis parisien donc je n’ai
pas d’accent quand je parle

je suis né à Bruxelles
mais je n’y ai jamais vécu

me manque la lumière matinale
sur les collines toscanes

en 2016 je croisais Vincent Lindon
au café tous les matins

en huit mois à Marseille je ne
me suis jamais baigné, et alors

je n’ai rien contre le bordel
pour peu que tout soit aligné

je n’ai probablement
plus beaucoup de batterie

je n’ai lu aucun livre
de Genette en entier

j’ai habité à Londres
pendant quelques mois

j’aime quand doucement
on dépasse 130bpm

je ne suis encore
jamais sorti d’Europe

je veux prendre
un café avec vous

j’ai habité à Sienne
pendant un an

un jour j’ai presque failli
me marier puis finalement pas

la courgette est la base
de mon alimentation

il m’aura fallu attendre plus
de deux ans pour avoir le covid

la température minimale que
j’ai ressentie est de -19°C

l’esprit de sérieux est une chose
contre laquelle je dois lutter

j’ai passé une nuit dans une
colocation de vingt-cinq personnes

il est rare que je m’asseye dans
un café sans changer aussitôt de place

les petites routes de montagne
me font mal au coeur

un jour à Marseille j’ai croisé
un frigo sur la piste cyclable

mon premier briquet était couvert
d’une image de pin-up

il y a peu j’ai eu la confirmation
que la solitude ne me convient pas

me manque la lumière matinale sur
le vitrail de la chapelle de King’s

à l’époque j’avais la manie de
mettre des signets dans les livres

j’ai eu 3/20 à l’oral
de français de l’ENS

j’ai grandi en Roumanie
et j’y ai un peu vécu

au déplacement horizontal
je préfère celui vertical

j’aimerais trouver le
grand amour (06 95 24 45 ..)

je réponds (presque)
toujours aux mails

rien ne m’horripile
autant que les puzzles

je suis né à coups de
ventouse sur le crâne

ma boisson préférée est
le gin tonic sans tonic

je vous aime tant
de lire ceci

il n’est pas improbable
que je passe bientôt à Paris

je suis incroyablement
météo-dépendant

j’ai eu 20/20 à l’oral
de spé philo de l’ENS

ma carrière de tennisman s’est
arrêtée à l’âge de quinze ans

comme Sylvain Tesson j’ai roulé sur
la terre mais moins loin que lui

je ne mange pas d’animaux
morts et vivants non plus

un amour immense pour Charlotte
de Witte grandit en moi

j’ai jeté des pavés en mousse
sur des CRS payés à la journée

j’ai habité à Cambridge
pendant un an

à trois ans près je naissais
dans le présent millénaire

mon temps quotidien d’écoute
de musique est de 4h25

le nombre 13 est une curieuse
constante de ma vie

j’aime le chocolat noir
à la menthe

je connais le poids de
toute chose que je possède

je pense encore parfois à mon
premier amour de maternelle

souvent dans les livres je
préfère le titre au contenu

ma vie tient dans un sac
(ou presque)

la diversité des systèmes
de chasse d’eau me fascine

« cher Stéphane Lambrion,
je vous remercie pour… »

ma carrière de mathématicien s’est
arrêtée à l’âge de seize ans

depuis quelques temps dans
ma vie je rotate

je regrette de n’avoir
jamais possédé de tamagotchi

j’ai fait six ans de
patinage artistique

j’ai rencontré l’un de mes
meilleurs amis dans une forêt

ça fait cinq ans que je n’ai
(presque) rien acheté de neuf

le matin je prenais mes
bêtabloquants avec un double expresso

rien de tel qu’un pull en laine
pour retrouver goût à la vie

mon pire cauchemar est
une plage bondée

aux liens logiques je préfère
les juxtapositions mystiques

j’ai passé une année entière
en ne portant que des sandales

selon The Attachment Project,
je suis « anxious/preoccupied »

je ne crois pas
en la solitude

j’habite aujourd’hui
près d’un très vieux château

la plupart de ce que je pense
est le contraire de ce que je pensais

je n’aime nager
que si j’ai pied

j’aimerais beaucoup
habiter en Grèce

tous les ans je me dis que
je devrais passer mon permis

je ne comprends pas
les concepts de parcours et de carrière

je n’aimais pas les chiens
avant toi Mikey

mon livre préféré est
Nox d’Anne Carson

je ne comprends pas l’intérêt
de l’eau pétillante

j’ai une bague en quartz rose,
c’est bon pour le coeur

pendant quinze ans j’ai cru
que mon signe était taureau

aux fleurs je préfères
les fleurs séchées

souvent je me demande
comment on fait pour oublier

une boule fruit de la passion,
une boule framboise

j’étais très triste
le jour où Aznavour est mort

rien ne me satisfait autant
qu’une forme géométrique

j’ai tendance à oublier
de rendre leurs clefs aux gens

selon le meilleur pédiatre de Bruxelles
j’étais « un bébé parfait »

j’ai vraiment très peur
de la cohérence


pile

Si j’étais écrivain et mort, comme j’aimerais que ma vie se réduisît, par les soins d’un biographe amical et désinvolte, à quelques détails, à quelques goûts, à quelques inflexions, disons des « biographèmes » dont la distinction et la mobilité pourraient voyager hors de tout destin et venir toucher, à la manière des atomes épicuriens, quelque corps futur, promis à la même dispersion ; une vie « trouée », en somme.
Barthes — Sade, Fourier, Loyola


...

face

n. 1997 — he/him — normalien agrégé etc. etc. — habite à Paris Sienne Cambridge Marseille Londres

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≋ ce site a été créé à la main entre Paris, Copenhague, Londres et le fin fond de la Cornouaille, en août 2023 ; il y a eu deux pleines lunes ce mois-là.