au pied du Mont,
	départ en brise fraîche,
		deux roues pour toute monture


		et trois côtes pour horizon : l’une
	monte la colline, l’autre longe
l’eau et les nôtres, endolories :


se reposeront-elles
	enfin sous la pierre froide
		de cette chapelle perdue


		comme nous au petit matin
	par tant de soleil et de route
jusqu’à la prochaine falaise


où les pieds dans le vide
	nous guiderons les bateaux
		pour qu’ils accostent à bon ker


		et à bon port si Dieu le veut :
	Cancale Erquy Binic Tréguier
peut-être même Kerlouan


Kerlouan où saignent nos doigts
	rouges encore de granit rose
		assoiffés d’aller plus haut


		et affamés de sel : celui de la mer
	du caramel et des gouttes
de sueur qui tombent


sous des kilomètres de cobalt :
	ce ciel lézardé de nuages qui
		pèse sur le train du retour


		(la mer à notre gauche désormais
	de plus en plus petite derrière
nos cœurs vides fatigués)