l’hiver n’en finissait pas de tomber
sale comme cette fenêtre et les murs qui l’entourent :

c’est au milieu de cette tristesse que tu es venue
avec ta robe aussi blanche que le ciel d’athènes
après la pluie tu ressemblais à une princesse
sortie d’un que sais-je sur la mythologie grecque
(dix euros cinquante chez le libraire du coin)
où l’on parle de cassandre médée et autres antigones
où l’on t’a oubliée toi si parfaite que je voulais
m’agenouiller soulever ta robe avec mes yeux
humides de te regarder quand toi aussi tu pleurais
à l’intérieur tes lèvres voulant les miennes –

on a passé l’hiver à se nourrir d’aubergines
que je mâchais au fond de la bouche
pour ne pas effacer ton goût grec


					*


au printemps ta robe est partie et toi avec
moi je suis retourné vers l’angleterre
où les aubergines sont importées
et n’effacent aucun goût :

au mur des cartes postales d’épidaure
mykonos lesbos et toutes ces îles
me rappellent de leur soleil
que l’été n’est pas loin –

toi aussi
je t’oublierai