la nuit s’est cassée
.
en mille morceaux
.
lorsqu’elle est tombée
.
sur ma maison.




je la dévisse, elle a une odeur d’os.



je pose la nuit sur une plaque millimétrée, y découpe la forme de ma chambre, la forme de mon sommeil. l’étends par terre.



la nuit respire sur le sol , doucement. se soulève à peine.



si l’on coupe un cube de nuit de gauche à droite, puis chaque moitié de haut en bas, par combien multiplie-t-on la surface de la nuit , il demande.



pleine, la nuit sera – pleine .



ils vérifieront cette hypothèse. testeront ses corolaires. chercheront le contre-exemple. discuteront son bien-fondé.



je prendrai les outils à la cave, remettrai la nuit en place.



elle sentira le propre, ce sera une nuit neuve comme il y en a tous les deux-mille-neuf-cent-soixante-seize ans , environ.



j’y collerai mon visage sans couleur.



la nuit courra sur mes tempes, se faufilera dans mes yeux, se glissera sous mes ongles, entière.



elle deviendra une prière , dite le long des os.



la nuit aura la surface de ma peau , ce sera l’heure de dormir.



le sommeil sera le seul calcul.

le sommeil est le seul calcul est paru en 2022 dans le premier numéro de Sève, aux côtés de textes de Laura Vazquez, Vincent Broqua, Adèle Rosenfeld... il a été traduit en roumain par Linda Maria Baros pour la revue Luceafarul de dimineata.