d’octobre à février, on s’est posé des questions sans s’être jamais rencontrés auparavant ; chaque semaine, pendant plusieurs mois, on a appris quelque chose de l’autre personne, question après question, réponse après réponse, entre mots, images, vocaux, vidéos : une vingtaine de questions plus tard, Diane Guais et moi avons mis le point final à notre correspondance.
S.K., A.E., A.C., M.D., V.W., S.P., S.S., M.W. : mes écrivaines préférées.
Encre noire sur papier aquarelle, 7,4x10 cm.
Dernièrement, j’ai eu du mal à écrire. Pour surmonter cela, j’ai lu un certain nombre de livres qui, j’espérais, m’aideraient à retrouver l’énergie et la motivation. En vain — mais le titre de l’un de ces livres (Steal Like an Artist) m’a donné une idée : voler les conseils que le livre donnait et en faire une série de cartes pseudo-motivationnelles.
tu te souviens de ce café apparu comme par magie alors qu’on ne le cherchait même plus
lyon, 05.08.2023
do you remember how big & tasty were those mushrooms you brought all the way from malmö
copenhagen, 16.08.2023
kan du huske, hvor gennemblødte vi blev, når vi løb mellem klubben og busstoppestedet
københavn, 17.08.2023
do you remember how good it felt to escape the crowd and climb on that big sunny rock
kynance cove, 23.08.2023
(paris,
pont-neuf,
08.23)
et comme toujours on cherche les signes, les cycles, les choses qui se connectent et qui font (un) sens, les réseaux de pensées, de lumières, de paroles, de mouvements,
on veut trouver les jointures, les liants d’un livre déjà écrit, rempli de photos déjà prises,
on sait que derrière les hasards il y a de la rationalité et derrière la rationalité il n’y a que du hasard alors on continue à creuser, on revient sur nos pas,
on reprend la discussion là où on l’avait laissée, on regarde passer une lune puis deux, on veut tout retenir, comment tout photographier sans jamais avoir l’oeil dans le viseur, tout noter sans jamais tenir de stylo,
on se console en pensant que ce qui sera oublié devait l’être, on marche moins vite que le premier jour et on se connaît mieux,
on comprend des entrelacs, on attend d’en dénouer d’autres.
presque siècle, La Crypte, 2022.
sélection du prix Apollinaire Découverte 2023.
notes de lecture dans Poesibao, Pro/p(r)ose, Fragile et par Clément Mouille.
Point de chute est une revue que Joep Polderman, Lola Arrouasse et moi-même faisons paraître deux fois par an. Elle comporte cinq à six textes de jeunes poètes francophones ainsi que deux à trois traductions.
Arbre (Verve Poetry, 2021) et Chiens d’ombre (ignitionpress, 2018), traduits de l’anglais (Royaume-Uni) chez L’Ours Blanc (2023).
04:00 Canti domestiques (Max Blecher, 2015), traduit du roumain aux éditions des Vanneaux (2019) – la maison d’édition étant inactive, contactez-moi pour obtenir un exemplaire. Extraits dans Recours au poème ; notes de lecture de Pierre Vinclair et de Cristina Hermeziu.
Plantations (1945), traduit du roumain aux éditions Abordo (2022). Extraits dans Recours au poème.
Canal est un poster typographique qui a paru une fois tous les deux mois pendant un an avec un poème anglais traduit en français et un poème français traduit en anglais.
#1 — Laura Vazquez & Alycia Pirmohamed 09.22 · #2 — Maël Guesdon & Wayne Holloway-Smith 11.22 · #3 — Emmanuel Fournier & Natalie Whittaker 01.23 · #4 — Anna Milani & Tim Liardet 03.23 · #5 — Matthieu Freyheit & Alice Oswald 05.23 · #6 — Grégoire Sourice & Mark Wynne 07.23 · #7 — Célestin de Meeûs & Clementine E Burnley 09.23
depuis 2021, je mène une thèse de recherche-création sous la direction de Vincent Broqua avec l’accompagnement artistique d’Anne Malaprade ; dans le cadre de ce travail, j’ai écrit des textes (dont En cœur), réalisé des pièces audiovisuelles (dont la vidéo Cléo de 7 à 9) et j’ai tenu un journal de recherche-création, De nos corps dévorés, pour la revue remue.net ; je travaille actuellement à un livre, MLD, qui est le résultat de cette thèse.
donnez-moi trois oranges
et je jonglerai pour vous
j’ai pour les biographies
de l’amour et de la haine
il y a ici des choses vraies
qui ne le seront peut-être plus
j’aimerais que la fondation
Michalski accepte ma candidature
mon coeur est français mais
mon cul est international
j’ai habité à Marseille
pendant un an
je voue une haine profonde
aux contrôleur·ses de la RATP
j’ai fait une dissertation
entière en ne citant qu’Hegel
ma chanson la plus écoutée en 2021
était White Flag de Dido (…)
chaque jour je dessine,
un jour je vous montrerai
je suis parisien donc je n’ai
pas d’accent quand je parle
je suis né à Bruxelles
mais je n’y ai jamais vécu
me manque la lumière matinale
sur les collines toscanes
en 2016 je croisais Vincent Lindon
au café tous les matins
en huit mois à Marseille je ne
me suis jamais baigné, et alors
je n’ai rien contre le bordel
pour peu que tout soit aligné
je n’ai probablement
plus beaucoup de batterie
je n’ai lu aucun livre
de Genette en entier
j’ai habité à Londres
pendant quelques mois
j’aime quand doucement
on dépasse 130bpm
je ne suis encore
jamais sorti d’Europe
je veux prendre
un café avec vous
j’ai habité à Sienne
pendant un an
un jour j’ai presque failli
me marier puis finalement pas
la courgette est la base
de mon alimentation
il m’aura fallu attendre plus
de deux ans pour avoir le covid
la température minimale que
j’ai ressentie est de -19°C
l’esprit de sérieux est une chose
contre laquelle je dois lutter
j’ai passé une nuit dans une
colocation de vingt-cinq personnes
il est rare que je m’asseye dans
un café sans changer aussitôt de place
les petites routes de montagne
me font mal au coeur
un jour à Marseille j’ai croisé
un frigo sur la piste cyclable
mon premier briquet était couvert
d’une image de pin-up
il y a peu j’ai eu la confirmation
que la solitude ne me convient pas
me manque la lumière matinale sur
le vitrail de la chapelle de King’s
à l’époque j’avais la manie de
mettre des signets dans les livres
j’ai eu 3/20 à l’oral
de français de l’ENS
j’ai grandi en Roumanie
et j’y ai un peu vécu
au déplacement horizontal
je préfère celui vertical
j’aimerais trouver le
grand amour (06 95 24 45 ..)
je réponds (presque)
toujours aux mails
rien ne m’horripile
autant que les puzzles
je suis né à coups de
ventouse sur le crâne
ma boisson préférée est
le gin tonic sans tonic
je vous aime tant
de lire ceci
il n’est pas improbable
que je passe bientôt à Paris
je suis incroyablement
météo-dépendant
j’ai eu 20/20 à l’oral
de spé philo de l’ENS
ma carrière de tennisman s’est
arrêtée à l’âge de quinze ans
comme Sylvain Tesson j’ai roulé sur
la terre mais moins loin que lui
je ne mange pas d’animaux
morts et vivants non plus
un amour immense pour Charlotte
de Witte grandit en moi
j’ai jeté des pavés en mousse
sur des CRS payés à la journée
j’ai habité à Cambridge
pendant un an
à trois ans près je naissais
dans le présent millénaire
mon temps quotidien d’écoute
de musique est de 4h25
le nombre 13 est une curieuse
constante de ma vie
j’aime le chocolat noir
à la menthe
je connais le poids de
toute chose que je possède
je pense encore parfois à mon
premier amour de maternelle
souvent dans les livres je
préfère le titre au contenu
ma vie tient dans un sac
(ou presque)
la diversité des systèmes
de chasse d’eau me fascine
« cher Stéphane Lambrion,
je vous remercie pour… »
ma carrière de mathématicien s’est
arrêtée à l’âge de seize ans
depuis quelques temps dans
ma vie je rotate
je regrette de n’avoir
jamais possédé de tamagotchi
j’ai fait six ans de
patinage artistique
j’ai rencontré l’un de mes
meilleurs amis dans une forêt
ça fait cinq ans que je n’ai
(presque) rien acheté de neuf
le matin je prenais mes
bêtabloquants avec un double expresso
rien de tel qu’un pull en laine
pour retrouver goût à la vie
mon pire cauchemar est
une plage bondée
aux liens logiques je préfère
les juxtapositions mystiques
j’ai passé une année entière
en ne portant que des sandales
selon The Attachment Project,
je suis « anxious/preoccupied »
je ne crois pas
en la solitude
j’habite aujourd’hui
près d’un très vieux château
la plupart de ce que je pense
est le contraire de ce que je pensais
je n’aime nager
que si j’ai pied
j’aimerais beaucoup
habiter en Grèce
tous les ans je me dis que
je devrais passer mon permis
je ne comprends pas
les concepts de parcours et de carrière
je n’aimais pas les chiens
avant toi Mikey
mon livre préféré est
Nox d’Anne Carson
je ne comprends pas l’intérêt
de l’eau pétillante
j’ai une bague en quartz rose,
c’est bon pour le coeur
pendant quinze ans j’ai cru
que mon signe était taureau
aux fleurs je préfères
les fleurs séchées
souvent je me demande
comment on fait pour oublier
une boule fruit de la passion,
une boule framboise
j’étais très triste
le jour où Aznavour est mort
rien ne me satisfait autant
qu’une forme géométrique
j’ai tendance à oublier
de rendre leurs clefs aux gens
selon le meilleur pédiatre de Bruxelles
j’étais « un bébé parfait »
j’ai vraiment très peur
de la cohérence
Si j’étais écrivain et mort, comme j’aimerais que ma vie se réduisît, par les soins d’un biographe amical et désinvolte, à quelques détails, à quelques goûts, à quelques inflexions, disons des « biographèmes » dont la distinction et la mobilité pourraient voyager hors de tout destin et venir toucher, à la manière des atomes épicuriens, quelque corps futur, promis à la même dispersion ; une vie « trouée », en somme.Barthes — Sade, Fourier, Loyola
n. 1997 — he/him — normalien agrégé etc. etc. — habite à Paris Sienne Cambridge Marseille Londres Sheffield
noibmal.mapsuatromenahpets
@stephanelambion
🌑
≋ ce site a été codé à la main entre Paris, Copenhague, Londres et le fin fond de la Cornouaille, en août 2023 ; il y a eu deux pleines lunes ce mois-là ≋